L’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet par les médecins
Instagram, Facebook, LinkedIn, Pinterest ou encore TikTok, les réseaux sociaux sont omniprésents dans notre quotidien depuis plusieurs années. Instagram ou encore TikTok sont d'ailleurs les réseaux sociaux les plus utilisés dans le monde tout comme en France, et c'est surtout auprès des jeunes que ces deux médias sociaux connaissent un succès retentissant.
Les dernières études menées mettent en évidence qu'il s'agit des moins de 34 ans qui occupent une place prépondérante sur Instagram et TikTok :
- Instagram compte 27 millions d'utilisateurs mensuels toutes tranches d'âges confondues, dont environ 60% des utilisateurs ont moins de 34 ans
- TikTok regroupe 23 millions d'utilisateurs mensuels toutes tranches d'âges confondues, dont environ 67% des utilisateurs ont moins de 34 ans
Or, c’est principalement chez ces jeunes que se trouve la nouvelle patientèle cible des chirurgiens et médecins esthétiques. Selon une enquête du Parisien, la chirurgie esthétique est particulièrement demandée chez les jeunes femmes de 18-34 ans (des données également en forte progression également chez les hommes).
Les potentielles futures patients se trouvant principalement sur Instagram, cela pousse les médecins à adopter une stratégie de communication sur les réseaux sociaux pour les atteindre.
On voit alors de plus en plus apparaître sur ces plateformes des comptes de médecins, de chirurgiens, de cabinets médicaux ou d'établissements de santé. Sur leurs comptes les publications sont diverses et variées, on peut retrouver des photos avant/après de patient(e)s, des selfies au bloc opératoire, des vidéos d’opération, des témoignages ou avis de personnalités du web ou de la téléréalité qui ont eu recours à leurs services.
Avec comme principal objectif de gagner de la visibilité rapidement. Pourtant ces pratiques sont interdites par le code de déontologie médicale. La médecine ne pouvant s’exercer comme un commerce, les médecins n’ont pas le droit de faire de publicité.
L’interdiction de la publicité
Ainsi, le partage de photos avant/après est problématique pour plusieurs raisons. D’abord parce que l'anonymat n'est pas toujours respecté, le/la patient(e) est parfois reconnaissable, et même s’il ou elle a donné son accord pour l’être, le médecin n’a tout simplement pas le droit de le/la montrer de manière identifiable, cela constituant une violation du secret médical.
Ensuite, ce genre de photos montrent toujours de très bons résultats, alors que dans les faits, les résultats d'un acte médical ou chirurgical sont propres et uniques pour chaque patient(e) et ne peuvent pas tous garantir la même réussite. Ne montrer que les résultats réussis peut être interprété comme un appel à candidature, une incitation à recourir aux mêmes actes chirurgicaux ou médicaux. Cela est une forme de publicité, ce qui est interdit.
Les sanctions pour ce genre de pratiques publicitaires peuvent aller d’une simple amende à une suspension des comptes sur les réseaux sociaux voire même à une interdiction temporaire d’exercer.
Les médecins doivent se tenir à une obligation d’exemplarité et à un respect d’une certaine morale en toutes circonstances, même en dehors de la sphère professionnelle, et même s’ils ne s’expriment pas en leur qualité de médecin.
Une frontière encore floue à clarifier
Il n’y a donc pas que la frontière entre publicité et information qui est floue, celle entre vie privé et professionnel l’est également pour le médecin et elle semble même ne pas exister. Il n’est en effet pas rare de voir des médecins condamnés à des peines d’interdictions de pratiquer la médecine pour des infractions qu’ils ont commis en dehors de leur activité professionnelle et qui n’avaient rien à voir avec celle-ci.
Les médecins n’ont donc pas le droit de faire de publicité, mais ils ont le droit d’informer leur patientèle. La frontière entre ce qui relèverait de la publicité et ce qui relèverait de l’information n’étant pas clairement défini, il est très compliqué d'affirmer avec précision ce qui est autorisé ou non.
Face à ses dérives sur Internet et les réseaux sociaux, le Conseil de l’Ordre des médecins est en train de mettre à jour le code de déontologie des médecins pour l’adapter à l’utilisation des réseaux sociaux qui apparaît désormais comme incontournable.
Pour vous y retrouver, et éviter de faire des erreurs qui auraient pu être évitées, nous avons compilé pour les limites de l’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet par les médecins.
La présence sur Instagram, TikTok et les autres réseaux sociaux est tolérée mais il faut respecter des règles de morales et de déontologie qui doivent également s’appliquer lors de la création de votre site Internet.
Ce que les médecins peuvent faire sur Internet :
- Communiquer à titre éducatif, scientifique ou sanitaire
- S’appuyer sur des données confirmées scientifiquement
- Ne pas chercher à tirer profit de cette communication
- Être loyal et honnête
- Communiquer les honoraires de manière non comparative
- Faire preuve de moralité et de probité
- Ne pas faire de promotion personnelle
- Conserver son indépendance
- Faire preuve de prudence et de modération
- Ne pas faire de comparaison avec d’autres praticiens
- Ne pas inciter à recourir à des actes inutiles
- Ne pas utiliser des publications sponsorisées
- Respecter le secret médical et l’anonymat
- Ne pas donner une garantie de résulta ou faire de fausses promesses
- Partager des messages objectifs et non mensongers
- Ne pas liker ou commenter de publication de patients ventant vos mérites
- Ne pas accepter ses patient(e)s en amis sur Facebook
Ce que les médecins ne peuvent pas faire sur Internet :
- Améliorer leur référencement en payant (SEA - Search Engine Advertising)
- Utiliser des mots-clés cachés pour tromper les moteurs de recherche
- Prendre un nom de domaine permettant une valorisation personnelle
- Affirmer être le meilleur ou le moins cher
- Critiquer leurs confrères ou se comparer à eux
- Faire état de fonctions électives actuelles ou passées
- Vanter une technique en insistant sur leur propre savoir-faire
- Diffuser des informations déloyales et mensongères
- Publier de faux cas avant/après
- Inciter le patient à multiplier les soins ou les examens sans réelle nécessité
- Publier des photos de patients reconnaissables
- Porter atteinte au secret professionnel en permettant d’identifier un patient
- Poster un lien renvoyant à un blog personnel
- Cautionner un site commercial en relation avec la médecine même si le titre de médecin n’apparait pas
- Accepter des bandeaux publicitaires
- Spammer les moteurs de recherche
- Liker ou commenter le post de patients ventant ses mérites
Pour une communication digitale établie et réalisée dans le respect de la déontologie médicale, un médecin, un chirurgien ou un cabinet médical peut solliciter une agence de communication santé. Recourir à une agence Web spécialisée santé peut être la solution idéale et adéquate pour la gestion des réseaux sociaux.
Le community management en santé est souvent bénéfique, car vous bénéficiez d'une expertise complète pour l'élaboration d'une stratégie social media efficace et optimisée (SMO Social Media Optimization). En prime, cela vous libère du temps (tout comme à vos assistant(e)s) et vous permet de vous consacrer pleinement à votre cabinet médical.
Sources :
- We Are Social - DIGITAL 2024 - Le guide ultime sur l'évolution du monde numérique
- Décret n° 2020-1662 du 22 décembre 2020 portant modification du code de déontologie des médecins et relatif à leur communication professionnelle - Légifrance
- Quand la chirurgie esthétique s'empare d'Instagram, Manon Walquan, rédactrice pour Korii, 27 mai 2019
- Chirurgie esthétique : ces médecins qui font de la publicité illicite sur Instagram, Cécile Thibert, journaliste Le Figaro santé, 10 avril 2019
- Déontologie médicale et réseaux sociaux : un mariage forcé ! Fabrice Di Vizio, avocat spécialiste des médecins libéraux, caducee.net, 10 août 2020
- Médecins suspendus ou condamnés, des cas plus fréquents qu'on ne le croit, Véronique Hunsinger, egora.fr, 12 mars 2020
- La chirurgie esthétique explose chez les jeunes Français, Elsa Mari, journaliste Le Parisien, 1er février 2019
- Guide de l’association Asspro jeunes : INTERNET & RÉSEAUX SOCIAUX - Le guide des bonnes pratiques à l’usage des jeunes médecins




